Je pense que tout le monde s’accordera à dire que ces dernières semaines ont été étranges, voire anxiogènes, compte tenu de la situation sanitaire actuelle avec ce maudit virus qui chamboule nos existences.
Ici, ça a « juste » empiré les choses. Comme vous le savez, mi janvier, j’ai retiré de la vente la plupart des créations en perles à destination des tous petits. J’en parlais ici en février. Du jour au lendemain, 80% de mon activité s’écroulait, alors qu’en parallèle je créais mon entreprise – la SARL ELYCE – le 1er janvier 2020.
Attention, j’ai toujours été déclarée, mais sous un autre statut beaucoup plus simplifié : la micro entreprise. Je ne vais pas vous faire un cours de comptabilité ou de droit des entreprises, mais en gros, c’est un statut vraiment pratique pour débuter : on ne paye de charges que si on réalise des ventes. Mais il est impossible de déduire quoique ce soit : le coût du matériel, des envois, les frais bancaires, les commissions, la gestion du site web, les pubs, les salons etc… Alors arrive un moment où la micro entreprise est limitée et ne convient plus lorsqu’on a pas mal de dépenses.
Et c’était justement mon cas ! Jusqu’en janvier 2020 en tout cas. Depuis l’été 2019, j’étais en relation avec un comptable et ma banque pour créer la société ELYCE tout en ayant (déjà) en tête un autre projet professionnel qui demandait un certain investissement – donc un emprunt bancaire.
Sauf que, je n’avais absolument pas prévu le raz de marrée qui allait suivre à l’autômne / hiver ! Mon contrôle par la Répression des Fraudes a été très éprouvant moralement, je n’en dormais plus, et j’étais extrêmement inquiète. Ca touchait évidemment ma famille de près, mais également ma santé puisque j’ai dû passer par une période d’anxiolytiques pour sortir la tête de l’eau.
C’est simple, j’étais vide. Je n’avais aucune motivation, aucune envie, les heures me semblaient des minutes, pendant lesquelles j’étais incapable de dire ce que j’avais fait à part contempler le plafond. Et je cogitais, encore et encore, en tentant de chercher des solutions, mais je perdais plus d’énergie qu’autre chose et je finissais invariablement par m’auto démoraliser.
Alors il n’y avait pas que le côté professionnel, sur le plan personnel, je vivais également des chamboulements. Mais aujourd’hui, je suis clairement capable de dire que mon travail a obscurcit tout le reste – que ça a sans doute empiré ma vision des choses, et que ces événements professionnels représentaient la plus grande partie de mes soucis.
Avec mon comptable, et la perte de 80% de mon chiffre d’affaire, nous avons même envisagé de tout arrêter en février : fermer la société, et retourner à la vie salariale, oublier définitivement Elyce.
Mais c’était impossible. Dans mon coeur, ça aurait signifié abandonner l’un de mes enfants – ou presque ! Elyce est née avec la naissance de ma 2de fille en 2013, il y a 7 ans. C’est simple, mes enfants ne me connaissent que sous cet aspect, pour elles, j’ai toujours été cette créatrice d’attache-sucette et de hochets.
Alors non, définitivement non. Même si financièrement, c’est vite devenu catastrophique, avec un emprunt bancaire au nom de la société de 20.000 euros tout beau tout neuf… et le confinement qui a suivit ! Je ne sais pas dans quoi on s’embarquait, mais on y allait, et ça m’inquiétait énormément, même si je voulais y croire.
Mon conjoint, qui était également entrepreneur, a quant à lui renoncer et est retourné à l’usine, pour sauver les meubles. Un salaire pour 4, c’est mieux que rien du tout ! On se retrouvait avec les moyens financiers de nos 18 ans, quand j’étais alors étudiante, mais avec 2 enfants et une maison en plus (plus 2 chats et 1 chien, ça compte ?!). Nous n’avions jamais connu une telle situation financière… A nous demander comment nous allions manger !
J’ai voulu miser sur la prudence, et faire comme la plupart des parents en me mettant en arrêt enfant : je ne me voyais pas prendre des commandes et me rendre à la Poste pour les envois, alors que le simple fait de sortir me stressait. Et puis, très sincèrement, je n’avais pas la tête à ça : comme beaucoup je crois.
Mais quand on est à son compte, les arrêts sont très peu indemnisés, à moins de très bien fonctionner financièrement : quand on est en micro entreprise ou une petite PME, on oublie ! Sans entrer dans les détails, pour un mois, j’ai perçu 400 euros. Et encore, je suis chanceuse, la plupart de mes collègues créatrices n’ont pas eu cette chance.
Mais, étonnamment, cette pause repliée sur ma famille m’a fait du bien, et je me sentais d’attaque pour rouvrir la boutique, reprendre les commandes, et poursuivre ce projet professionnel qui me tenait à coeur. J’en avais ENVIE. J’avais HÂTE. Choses qui ne m’arrivaient plus depuis quelques mois !
Justement, avec le déconfinement, j’avais un peu plus de visibilité sur l’avenir, parce que j’étais totalement bloquée, ce qui est normal. Je ne vous dévoilerais pas tout de suite ce dont il s’agit, mais en gros voici ce que j’attendais : la finalisation d’une machine, sa livraison, et la formation qui va avec.
Et – ça y est – on y est presque ! Début juin, si tout va bien, je pourrais vous en dire plus.
En parallèle, avec ce regain d’énergie, j’ai aussi décidé d’envoyer quelques attache-sucettes au laboratoire pour pouvoir de nouveau en commercialiser, mais dans un style différent (sans motif ludique comme des animaux !), qui rejoindra cette nouvelle activité. Ne soyez pas trop impatients, les délais sont très longs : 3 mois actuellement, contre un seul d’habitude (les laboratoires ont énormément de demandes pour les masques de protection).
Voilà où j’en suis aujourd’hui : confiante et positive.
J’ai l’impression que tout est allé très vite, d’avoir vécu des montagnes russes émotionnelles, d’être passé du cauchemar au rêve en peu de temps. Et franchement, même si j’ai pu pleurer sur mon sort (il faut savoir s’écouter et se laisser du temps) , c’était un passage obligatoire pour remonter et prendre conscience de ce qui était important pour moi. Quand tout va bien, on vit les choses sans en prendre réellement conscience, sans profiter de la chance qu’on a. Si j’ai réalisé une chose, c’est justement l’importance de ma famille et les montagnes que je serais prête à déplacer pour la garder saine et sauve, coûte que coûte.
Indéniablement, Elyce est liée à ce que je suis, à mes enfants, au lieu où je vis, à mon quotidien… C’est une partie intégrante de ma famille. Et je ne suis pas prête de l’abandonner !
A bientôt xxx
Lucie
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